Une image d'une femme brune portant un hijab bleu et une chemise noire à manches longues, regardant droit vers la caméra.

« C'était très difficile, car je croyais être la seule ici. Mais, après un certain temps, j'ai découvert que je n'étais pas seule... Ç'a été tout un soulagement. »

Depuis qu'elle a trouvé une communauté de personnes transgenres à Ottawa, Nouri se sent plus heureuse que lors de son arrivée au Canada avec sa famille, en provenance de l'Asie du Sud. Nouri a 21 ans et elle passe son temps à suivre des cours d'anglais (deux par jour !) et à fréquenter des programmes artistiques pour les personnes trans récemment arrivées dans un centre communautaire local. Elle trouve très utile d'avoir un espace où elle peut exprimer ses inquiétudes, ainsi que côtoyer d'autres personnes trans et causer des défis liés à la recherche d'un emploi. Mais le plus important, ce sont les amitiés que Nouri a nouées à l'école qu'elle fréquente avec sa sœur ainée : « Désormais, je suis très heureuse. On a beaucoup d'amis là : on y va et on parle avec eux. Et quand je suis absente, ils s'ennuient de moi. »

Bien que les amis lui aient apporté le sentiment d'être en communauté, Nouri compte aussi dans sa vie un certain nombre de prestataires de services qui la soutiennent et qui soutiennent sa famille : un intervenant d'établissement, une interprète, son enseignante au programme de formation en compétences pour l'emploi et le médecin au centre de santé communautaire. Granaz, son enseignante, lui a prodigué un soutien spécial.  Non seulement s'est-elle montrée discrète et respectueuse de la confidentialité quant à l'identité de genre de Nouri, amenant cette dernière à se sentir à l'aise dans la salle de classe, mais elle l'a aussi aidée à remplacer son nom légal masculin par le nom de son choix, Nouri, dans les documents de l'organisation.

Nouri espère également pouvoir changer son nom officiellement. Le fait d'voir un nom masculin dans les documents du gouvernement alors qu'elle vit en tant que femme a suscité des confusions dans certaines situations, et de la discrimination dans sa recherche d'un emploi : « Pour l'instant, c'est un problème, car je suis une personne, mais mon nom correspond à une autre personne. J'ai aspiré à un poste mais je ne l'ai pas décroché, car mon nom officiel est un autre, et on a appris que j'avais deux noms. Voilà mon problème en ce moment, mais j'espère que, après la chirurgie, j'aurai tout ce qu'il me faut. » Un jour, lorsque Granaz était en congé, l'enseignant remplaçant a lu le nom masculin de Nouri durant l'appel de présences, suscitant en elle un énorme embarras et une grande détresse.

Parfois, l'aide que Nouri reçoit pour gérer les attitudes négatives à propos de l'identité trans peut avoir des conséquences négatives. Ce fut le cas même de Granaz, que Nouri aime tant, et qui lui a conseillé de faire semblant de parler seulement anglais auprès des gens de son propre pays d'origine, afin d'éviter d'avoir à répondre à des questions personnelles. Tout en voulant protéger sa vie privée, une telle approche a signifié aussi que Nouri reste à l'écart de sa communauté : « J'ai parfois été gênée. Il a été difficile pour moi de parler aux gens alors que tout était en train de changer, et que je ne savais pas comment le leur expliquer. Ainsi, je suis demeurée quelque peu séparée des autres. » En même temps, Nouri a de l'espoir pour sa vie et celle de sa famille ici. Elle trouve de la force dans sa foi : « Tout vient d'Allah. Allah nous a aidés à venir ici et je peux désormais changer mon sexe, et c'est là mon plus grand souhait ici. » Avec son anglais qui s'améliore constamment et un bon cercle d'amis, Nouri a comme prochain projet de suivre des cours de couture pour créer des vêtements !


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